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Cours de Bactériologie Médicale
CHLAMYDIA

1 -Introduction

Ce sont des eubactéries à développement intracellulaire obligatoire rencontrées chez l'homme et l'animal.
Chez l'homme, deux espèces, spécifiquement humaines, sont responsables d'infections génitales et respiratoires et :
- Chlamydia trachomatis, premier agent bactérien responsable d'infections sexuellement transmissibles (IST) et d'environ 70% des stérilités tubaires.
- Chlamydophila pneumoniae, un des principaux agents bactériens responsable de pneumopathies atypiques communautaires.

Enfin Chlamydophila psittaci est une espèce à tropisme animal, pouvant occasionnellement provoquer des infections respiratoires chez l'homme

2 - Taxonomie et caractéristiques bactériologiques

La famille des Chlamydiaceae comprend 2 genres et 9 espèces.

- Le genre Chlamydia comprend 3 espèces dont une seule rencontrée chez l'homme, C. trachomatis.

C. trachomatis est divisée en biovars et sérovars responsables d'infections spécifiques.

- Le genre Chlamydophila regroupe 6 espèces. Deux sont rencontrées chez l'homme, C. pneumoniae et C. psittaci .
. C. pneumoniae est divisé en biovars, le biovar TWAR étant spécifiquement humain.
. C. psittaci comprend des souches variées isolées chez les oiseaux sauvages (perroquets) ou domestiques (perruches) et les volailles (canards, poulets).

Les Chlamydia existent sous deux formes caractéristiques (vues en microscopie électronique, Dr Mortemousque, Pr Gendre, Laboratoire de Microscopie électronique, Université de Bordeaux I):

- le corps élémentaire (CE), forme infectieuse, extracellulaire, incapable de multiplication

- le corps réticulé (CR), intracellulaire, non infectieux.


Le cycle de développement comprend plusieurs étapes :

1. Attachement et entrée du CE dans la cellule hôte

2. Différenciation du CE en CR

3. Multiplication du CR dans inclusion cytoplasmique

4. Différenciation des CR en CE

5. Sortie des CE par éclatement de la cellule

Dans certaines conditions, en particulier en présence de cytokines comme l'interféron, le cycle de développement est altéré. La bactérie persiste au sein de la cellule dans un état anormal. La bactérie ne peut plus se multiplier mais sa persistance contribuerait à l'installation d'une infection chronique responsable de séquelles caractéristiques, de diagnostic et de traitement difficile.

3 - C. trachomatis

3 .1- Pouvoir pathogène

- C. trachomatis, souches de sérovars A, B, Ba et C, est responsable de trachome qui touche plus de 500 millions d'individus vivant en zone d'endémie en Asie et en Afrique sub-saharienne.
Le trachome est une kératoconjonctivite chronique, contagieuse dont la complication majeure est la cécité.
http://www.univ-st-etienne.fr/facmed/finit/ophtarc/patconj.html

- C. trachomatis, souches de sérovars D, Da, E, F, G, H, I, Ia, J et K, est le principal agent bactérien responsable d'IST. L'OMS donne des chiffres de 90 millions de cas dans le monde en 1996, 4 millions de nouveaux cas par an aux USA et 3 millions en Europe.
En France, l'incidence de ces infections génitales n'est pas connue dans la population générale. Elle est de l'ordre de 3% dans la population suivie dans le réseau de surveillance des laboratoires (RENACHLA), plus élevée dans les dispensaires (10%). Le facteur de risque majeur d'acquisition d'une infection à C. trachomatis est le jeune âge.

Les infections urogénitales, le plus souvent asymptomatique, se caractérisent chez la femme, par une cervicite (cf photo à droite) et chez l'homme par une urétrite. La complication majeure chez la femme est la salpingite dont les conséquences sont la stérilité tubaire et les grossesses extra-utérines.

Cette espèce peut entraîner des infections néonatales par transmission verticale lors de l'accouchement. La colonisation du pharynx peut se compliquer de pneumopathie tardive dans 10% des cas. Le taux de transmission est élevé de 50 à 70%, l'infection la plus commune étant la conjonctivite.


Dans les régions tropicales, les souches de C. trachomatis de sérovars L1, L2, L2a et L3, sont responsables de la LGV ( lymphogranulomatose vénérienne) ou maladie de Nicolas et Favre, qui est une maladie systémique à point de départ génital, caractérisée par une atteinte ganglionnaire (à gauche sur la photo) et lymphatique.

3.2 - Diagnostic biologique

Le diagnostic repose essentiellement sur la mise en évidence directe de la bactérie.
cf Techniques de prélèvement : http://www.hopitaljean-talon.qc.ca/1_0/clinique.html

. Dans le cadre du diagnostic d'une infection génitale symptomatique

- Chez la femme, prélèvement endocervical sous spéculum à l'écouvillon déposé en milieu de transport
- Chez l'homme, prélèvement urétral à l'écouvillon déposé en milieu de transport ou 1er jet d'urine

La recherche de C.trachomatis s'inscrit dans une recherche globale d'autres microorganismes susceptibles de donner une infection génitale (Neisseria gonorrhoeae, Trichomonas vaginalis, Gardnerella vaginalis, mycoplasmes, Candida...) . http://www.invs.sante.fr/publications/default.htm

. Dans le cadre du diagnostic du dépistage des formes asymptomatiques chez les jeunes de moins de 25 ans sexuellement actifs (planning familial, médecine préventive, centre de dépistage anonyme et gratuit du Sida (CDAG) ….)
chez la femme, 1er jet d'urine ou écouvillonnage vulvo-vaginal
chez l'homme, 1er jet d'urine

De nombreuses techniques directes de détection sont disponibles et commercialisées, de type immunologique (exemple : IFD immunofluorescence directe d'un frottis cervical(cf photo) ou biologie moléculaire (PCR).

Seule la PCR a une sensibilité suffisante pour être utilisée dans toutes les circonstances (exemple d'automate à droite).

La culture cellulaire (photo d'inclusions intracellulaires ci-contre), rarement pratiquée, est la méthode de référence mais sa sensibilité est souvent en défaut.

La sérologie est une aide au diagnostic dans les formes compliquées telles infections génitales hautes à C. trachomatis et leurs complications, pneumopathies du nouveau-né ou encore LGV.

4 - C. pneumoniae et C. psittaci

4.1 - Pouvoir pathogène

. C. pneumoniae est très largement répandue dans le monde entier et la primoinfection est précoce dans l'enfance. La maladie commence généralement par une pharyngite avant d'évoluer vers une bronchite ou une pneumonie sans signes spécifiques mais reste le plus souvent asymptomatique ou paucisymptomatique. Son rôle dans des pathologies chroniques comme l'athérosclérose est envisagé.

. C. psittaci donne occasionnellement des pneumopathies graves (psittacose, ornithose) chez des personnes en contact avec des oiseaux porteurs de la bactérie.

C'est une maladie professionnelle chez les oiseleurs, les éleveurs de poulets, de canards et ceux qui travaillent à l'abattage.

4.2 - Diagnostic biologique

La détection directe par culture cellulaire dans les prélèvements respiratoires est lente et difficile pour C. pneumoniae et exige un laboratoire de haute protection pour C. psittaci étant donnée sa contagiosité. Il n'existe aucune autre technique directe commercialisée et les techniques de biologie moléculaire restent du domaine de la recherche.

Les sérologies sont donc les méthodes les plus utilisées mais d'interprétation difficile en raison de la prévalence élevée de C. pneumoniae et des réactions croisées entre espèces de Chlamydia.

5 - Sensibilité aux antibiotiques

- L'étude de la sensibilité (antibiogramme) ne se fait pas en routine.
- Les Chlamydia présentent une résistance naturelle aux antibiotiques actifs sur la paroi, car dépourvues de peptidoglycane tels les ß-lactamines, les glycopeptides.
- Les antibiotiques actifs sont ceux qui ont une bonne pénétration cellulaire tels les tétracyclines, les macrolides, les fluoroquinolones de dernière génération et la rifampicine. Le traitement recommandé de l'infection génitale non compliquée à C.trachomatis est l'azitromycine en monodose.
- Les résistances acquises sont exceptionnelles.

6 - Prophylaxie

- Lutte contre les maladies vénériennes par l'éducation, l'utilisation d'un préservatif et enfin le dépistage gratuit. Lors d'un diagnostic positif, traiter le ou les partenaires éventuels.

- Lutte contre le trachome: amélioration des conditions de vie mais aussi d'hygiène. La prévention lors de l'accouchement repose sur l'application d'un collyre.

- Prévention de la conjonctivite du nouveau-né tels collyre à l'oxytétracycline ou rifampicine.


- Chez certaines espèces animales (ovins, caprins), il existe un vaccin. Chez les volailles, il n'y a pas de vaccination. il s'agit de mesures sanitaires classiques telles la mise en quarantaine à l'arrivée d'oiseaux importés, élimination des oiseaux malades, nettoyage et désinfection régulière des cages, parquets.......


Ce cours a été préparé par le Dr. B de Barbeyrac (Université Victor Ségalen, Bordeaux 2, Centre National de Référence des Infections à Chlamydia)(20.05.03)

Pour en savoir plus :



Quelques adresses:

http://www.chlamydiae.com/chlamydiae/
http://www.geocities.com/HotSprings/Oasis/5559/theorganism.htm
http://www.bact.wisc.edu/Bact330/lecturechlamydia
http://gsbs.utmb.edu/microbook/ch039.htm
http://www.univ-st-etienne.fr/facmed/finit/ophtarc/patconj.html
http://hscconcord.tamu.edu/medmicro/samuel924/ 

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