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Cours de Bactériologie Médicale

CAMPYLOBACTER

1 -Introduction

Les Campylobacters sont des bactéries spiralées du tube digestif à l’origine d’infections, le plus souvent, intestinales.

Les bactéries spiralées du tube digestif ont en commun les caractères suivants :
. morphologie : forme spiralée ou incurvée (campylo : virgule en grec) à Gram-négatif

. métabolisme : microaérobie et n’utilisant pas les sucres pour tirer leur énergie

. écologie : adaptés à la vie dans le mucus.

Individualisées sur des critères génétiques, ces bactéries constituent la branche epsilon des Protéobactéries.
http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/cc/campylobacter.html


Le tableau ci-dessous rapporte les principales espèces rencontrées chez l’homme en France (Données du CNR, 1998-2000).

Parmi les espèces d’intérêt médical, C. jejuni est de loin la plus importante.



http://www.invs.sante.fr/recherche/index2.asp?txtQuery=Campylobacter

2 - Maladies associées
. C. jejuni est à l’origine d’une infection intestinale : l’entérite à Campylobacter. Les symptômes observés (diarrhée, douleur abdominale, éventuellement sang dans les selles) accompagnés de signes généraux (fièvre, asthénie, anorexie) ne permettent pas de l’individualiser des autres infections intestinales.

On sait actuellement que c’est la première cause des infections intestinales bactériennes, devant les infections à Salmonelles, aussi bien dans les pays développés, où son incidence augmente que dans les pays en développement. . Dans un petit nombre de cas (<1%) il peut néanmoins y avoir une bactériémie.
. Cette infection ne présente pas en général de signes de gravité et peut guérir spontanément.
De plus, une autre espèce de Campylobacter (C. fetus), bien que rarement trouvée en cas d’infection intestinale, a une propension à provoquer des bactériémies et des localisations secondaires, notamment chez des sujets immunodéprimés.
. Par ailleurs, il existe une complication post-infectieuse rare (1 pour 1000) mais grave de cette infection : le syndrome de Guillain-Barré. Il s’agit d’une polyradiculonévrite réversible, mais pouvant laisser des séquelles, qui survient, en général, trois semaines après l’entérite. C. jejuni est à l’origine de 30 à 50% des cas.

3 - Epidémiologie

La niche écologique originelle des C. jejuni semble être le tube digestif des oiseaux dont la volaille. Il est, en fait, très répandu dans la nature à partir de cette source mais aussi du tube digestif d’autres animaux et de l’homme.

La transmission est essentiellement d’origine alimentaire mais du fait qu’il ne se multiplie pas dans les aliments, il est rarement à l’origine d’épidémie (à la différence des Salmonelles ) mais seulement de cas sporadiques.

La source principale est constituée par la volaille crue introduite dans la cuisine et à partir de laquelle des contaminations croisées sont possibles. Toute volaille peut être considérée comme recouverte de Campylobacters.

Les épidémies qui surviennent parfois sont dues soit à la consommation de lait cru, soit à une origine hydrique suite à un défaut de chloration.
Les contaminations non alimentaires (à partir des animaux, de l’homme ou de l’environnement) semblent assez rares.
C. coli a lui une origine essentiellement porcine bien que l’on puisse aussi le rencontrer, parfois, chez la volaille.

4 - Physiopathologie

. C . jejuni est une bactérie invasive mais dont le mécanisme de pathogénicité n’est pas encore connu au niveau moléculaire.
Il n’a pas été possible d’individualiser des souches plus pathogènes. La séquence du génome d’une souches de C. jejuni devrait y aider.Cette bactérie fabrique également un toxine qui distend le cytosquelette (cdt).
. La propension de C. fetus a donné des infections systémiques a été mise sur le compte de sa résistance à la phagocytose du fait la présence d’une capsule.
Le mimétisme moléculaire entre le lipolysaccharide de certains sérogroupes de C. jejuni et les terminaisons de la myéline est à l’origine du syndrome de Guillain-Barré (http://content.nejm.org/cgi/content/short.

5 - Diagnostic au laboratoire

Il se fait essentiellement lors d’une coproculture (diagnostic bactériologique). La recherche de Campylobacter doit être expressément demandée, car elle nécessite l’ensemencement d’un milieu de culture spécial (enrichi et sélectif) et une incubation dans une enceinte ou une jarre microaérobie (5% d’O2) durant 1 à 2 jours à 37°C.
L’identification au niveau du genre est basée sur la morphologie particulière et des tests d'orientation simples comme la catalase (1) et l’oxydase (2) qui sont positifs. L’hydrolyse de l’hippurate (3) est pathognomonique de C. jejuni. La sensibilité aux antibiotiques doit aussi être testée (cf sensibilité aux antibiotiques).


Tableau d’identification d’espèces

Les méthodes moléculaires (PCR) se développent, en particulier pour la recherche directe dans les aliments.

Le diagnostic sérologique n’a d’intérêt que pour confirmer l’étiologie d’un syndrome de Guillain-Barré ( http://www.cdc.gov/ncidod/eid/vol4no2/allos.htm).


6 - Sensibilité aux antibiotiques - Traitement

L'antibiogramme sur gélose au sang est toujours effectué en raison de la fréquence de résistance acquise aux antibiotiques importants: macrolide, tétracycline, fluoroquinolone ou encore aminoglycoside (gentamicine).

Exemple d'une souche de C.coli

Antibiotiques testés

Macrolide : Erythromycine (E)

Tétracycline (TE)

Fluoroquinolone : Ciprofloxacine (CIP)

Aminoglycoside: Gentamicine (GM)

Un traitement curatif est éventuellement utilisé, car il n’existe pas encore de vaccin.
Bien que l’entérite à Campylobacter ait une évolution spontanément favorable, l’administration précoce d’un antibiotique peut hâter la guérison.

Les antibiotiques utilisés pour une entérite peuvent être :

un macrolide (< 5% de résistance),

une tétracycline (10% de résistance)

une fluoroquinolone (30% de résistance).

L’augmentation de la résistance à cette dernière classe du fait de traitements humains mais aussi animaux est inquiétante.

http://www.cdc.gov/ncidod/eid

Les infections systémiques peuvent être traitées par une association de gentamicine (aucune résistance décrite) avec un autre antibiotique (fluoroquinolones, ß-lactamines)

L’infection à Campylobacter n’est pas une infection à déclaration obligatoire. Elle fait l’objet actuellement d’une surveillance par l’Institut de Vieille Sanitaire (INVS)(cf http://www.invs.sante.fr/publications/, Surveillance nationale des maladies infectieuses, 1998-2000) et est au centre des préoccupations de l’Agence Française pour la Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA)


Ce cours a été préparé par le Professeur Francis MEGRAUD (Université Victor Ségalen Bordeaux 2)

http://www.cnrch.u-bordeaux2.fr/

Pour en savoir plus :



Quelques adresses:
http://www.invs.sante.fr/
http://www.invs.sante.fr/recherche/index2.asp?txtQuery=Campylobacter
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs255/fr/
http://bibliographienationale.bnf.fr/Livres/M20_04.H/cadre360-1.html
http://www.invs.sante.fr/publications/default.htm
http://www.cdc.gov/ncidod/eid/vol7no1/engbergG2.htm
http://www.cdc.gov/pulsenet/publication/2001/ribot_e.htm
http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/cc/campylobacter.html
http://www.who.int/topics/campylobacter/fr/
http://www.finances.gouv.fr/DGCCRF/01_presentation/activites/labos/2000/campylobacter.htm


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